CHAPITRE V

Qui-Gon et Obi-Wan obtempérèrent. Le jeune garçon se demandait comment le Jedi avait deviné qu’il les retrouverait, et pourquoi il lui faisait assez confiance pour l’accompagner.

Le pilote filait dans les ruelles tortueuses, en jetant des regards à droite et à gauche ou même vers les toits, comme s’il craignait d’être pris en filature. Obi-Wan aurait même juré qu’il les faisait repasser plusieurs fois par les mêmes endroits. Enfin, il s’arrêta devant un café à la vitre si poussiéreuse qu’on ne voyait pas à l’intérieur.

Le pilote poussa la porte et les fit entrer. Obi-Wan attendit que ses yeux s’accoutument à la pénombre, car les quelques halogènes accrochés aux murs ne suffisaient pas à éclairer la salle. Au fond, derrière une demi-douzaine de tables inoccupées, un rideau vert délavé masquait une autre pièce.

Le pilote l’écarta et mena les deux Jedi dans l’arrière-boutique. Celle-ci était vide… non, il y avait un Phindien, tout au fond de la salle.

En les voyant arriver, il leva ses longs bras.

– Obawan !

C’était son ami Guerra !

Ses yeux orange étincelaient de joie.

– Enfin te voilà ! Comme je suis heureux de te voir !

– Moi aussi, Guerra, répondit Obi-Wan. Mais c’est une sacrée surprise !

– Une surprise, ha ! Je n’en suis pas responsable. Pas vrai, j’ai menti ! Je crois que tu connais mon frère, Paxxi Derida.

Le pilote leur décocha un sourire.

– Je suis honoré de vous avoir amenés jusqu’ici. Bon voyage, pas vrai ?

Qui-Gon se tourna vers Obi-Wan et leva un sourcil. Les frères Derida étaient tout joyeux, comme si les Jedi étaient venus leur rendre visite. Trouvaient-ils normal de les enlever, puis de les abandonner alors qu’on leur tirait dessus ?

Le Chevalier s’avança dans la pièce.

– Ainsi, tu as vidé volontairement les réservoirs d’essence ?

– Je vous en prie, Jedi-Gon, appelez-moi Paxxi, répondit le pilote d’un ton aimable. Bien sûr, j’ai vidé mes réservoirs. Sinon, vous n’auriez jamais voulu me suivre.

Obi-Wan se tourna vers Guerra.

– Tu étais au courant ?

– Non…

– Pas vrai, tu mens, frère ! fit Paxxi en lui donnant un coup de coude.

– C’est vrai, j’ai menti, convint celui-ci. J’étais à bord, caché dans la soute. Après mon évasion de la plate-forme minière, ils ont voulu me faire redescendre dans la mine. Mais Phindar me manquait. Alors me voilà !

– Et pourquoi te cacher ? s’étonna Obi-Wan. Tu es né sur Phindar, tu es libre de t’y rendre quand tu veux !

– Bonne question, Obawan. Mais le blocus est toujours effectif et les criminels ne sont pas les bienvenus, même s’ils sont citoyens phindiens.

L’apprenti Jedi n’en croyait pas ses oreilles.

– Toi, un criminel ?

– Oh, oui, mais si petit !

– Pas vrai, frérot ! protesta Paxxi. Ta tête est mise à prix. Et la mienne aussi ! Les droïdes tueurs ont ordre de tirer à vue.

– Qui a mis ta tête à prix, Guerra ? demanda Qui-Gon. Et pourquoi ?

Obi-Wan sentit que les deux frères commençaient à l’irriter.

– Le Syndicat, répondit Guerra. (Son visage s’assombrit.) Une vaste organisation criminelle qui a pris le contrôle de Phindar. Ça va très très mal, Jedi. Il y a peu de temps que vous êtes là, mais vous avez dû le constater. C’est le Syndicat qui a instauré le blocus. Personne ne peut partir, personne ne peut entrer. Les étrangers peuvent se poser, mais juste le temps de faire le plein. Mon frère et moi, nous avons trouvé le moyen de nous infiltrer et de rester sur Phindar. Facile ! fit Guerra, content de lui. Très malin ! Pas vrai ! (Il jeta un regard d’excuse à Qui-Gon.) Cela ne s’est pas passé exactement ainsi…

– Non, en effet, répliqua le Chevalier. D’abord, des droïdes tueurs nous ont attaqués. Et maintenant, nous sommes coincés sur cette planète. Nous n’avons pas le moindre moyen de repartir.

– Ah, j’y ai pensé ! s’exclama Guerra. C’est vrai, apparemment, vous êtes coincés. L’aéroport principal est sous contrôle permanent. Mais pour qui a de l’argent, il est toujours possible de quitter la planète.

– Nous sommes des Jedi ! rétorqua Obi-Wan avec impatience. Nous ne sommes pas riches. C’est toi qui devrais payer notre voyage. Après tout, c’est ta faute si nous nous retrouvons dans cette situation.

– C’est vrai, Obawan ! Nous devrions payer ! Tu as entendu, Paxxi ?

Guerra et son frère éclatèrent d’un rire sonore.

Lorsqu’ils se calmèrent, Guerra essuya ses yeux remplis de larmes.

– Elle est bien bonne ! Très drôle. Nous n’avons pas un sou. Mais ne t’inquiète pas. Nous avons un moyen d’en gagner. Beaucoup d’argent. Et très facilement. Enfin, pas vrai – il nous faut l’aide d’un Jedi.

– Ah…

Le regard pénétrant de Qui-Gon se posa sur le Phindien.

– Nous y voilà ! Pourquoi ne pas nous dire la véritable raison de notre présence ici… Pourquoi vous nous avez amenés sur cette planète et pourquoi vous voulez que nous restions ?